Avec les beaux jours qui reviennent et la neige qui a disparu, la montagne nous dévoile son profil estival. La saison d’été demande d’être réactif car avec 3 petits mois, il faut savoir profiter du moindre créneau de beau temps… et l’accorder au planning chargé. Avant de remonter en « haute altitude », même les secouristes du PG s’astreignent à une acclimatation. Après une ou deux escalades rocheuses à l’Aiguille du Midi, l’historique « Grépon Mer de Glace » est sec. C’est long mais l’altitude maximum de 3470m rend l’effort envisageable. Si le bulletin météo annonce plusieurs jours de « beau », le Chef Vincent FOURNIER et l’adjudant-Chef Jean-François MERCIER n’auront pas plus d’une journée à consacrer à cette magnifique classique de l’alpinisme. Pour corser le jeu, Vincent doit être de retour à 17h, avec un train qui quitte Chamonix à 8.30, nous n’aurons pas beaucoup de temps pour les selfies.
Néanmoins, pas question de partir en basket/tee-shirt pour être light à outrance, la montagne reste éternellement intransigeante. Certes, il y a 1,1kg de différence entre une paire de chaussure alpi été et des baskets mais quand il faudra cramponner, je n’aurais pas l’impression de jouer à la roulette Russe. Dans le sac, une gore-tex, un duvet et un crochet Julio en prévention, de l’eau et des barres énergétiques pour relancer la machine. Pour la progression : 8 dégaines, 5 friends, 60 mètres de corde de rappel. Le piolet fera aussi parti du voyage car quoiqu’on en dise cet instrument se révèle toujours fort utile pour franchir une rimaye ou enrayer une chute…
On profite du trajet en train pour vérifier le réglage des crampons et ingurgiter un demi litre d’eau. Je monte le son de l’Iphone et la journée est lancée : échelle, moraine, glacier, re-moraine, re-échelle, sentier. Après 1 heure de marche, on profite d’un ruisseau pour recharger les gourdes. Rapidement après, on prend pied sur le névé, la rimaye nécessite un petit effort, encore une centaine de mètres de dénivelé et voilà le rocher ! Il est 11h, on s’encorde en double, chacun fait quelques anneaux et la ballade continue. Nous croisons des égarés de la voie normale de la République, de loin, nous leur donnons quelques conseils et repartons. Le fameux rappel de 20m nous pose dans le couloir, une petite traversée vers la gauche et le cheminement génial des anciens permet de prendre de l’altitude rapidement. Pris dans le nuage, nous avons du mal à nous situer mais l’arrivée à la vire à bicyclette nous rassure, le sommet est proche. A 13.45, nous sommes à la brèche. Les conditions sur les Nantillons sont très bonnes mais la rapide traversée sous le sérac est toujours aussi effrayante, une autre source de motivation pour marcher vite ! Arrivés au Plan à 16h, Vinc’ sera à l’heure au PG.
Jeff