Le lundi 21 mars 2016, le gendarme Bastien Fleury du PGHM de Chamonix, accompagné d’Olivier Meynet, a battu le record de vitesse sur la traversée Chamonix-Zermatt en ski alpinisme.
Le record Chamonix-Zermatt était détenu depuis le 15 avril 2013 par Lionel Claudepierre en 18h35. J’avais à cette époque accompagné Lionel et Nicolas Estubier sur la moitié du parcours entre Bourg Saint-Pierre et Zermatt, et c’est là qu’était né l’envie pour moi de me lancer sur cette aventure. J’en avais tout de suite parlé à Olivier et Fabien Meynet, avec qui je faisais de longues sorties à ski en montagne. Fabien n’a malheureusement pas pu venir avec nous ce jour là, mais il y en aura bien d’autres.
Après une courte nuit de sommeil et un réveil à 23h30, nous nous rendons à l’église de Chamonix. Là-bas, nous retrouvons le père d’Olivier, Michel, à qui nous donnons des sacs préparés pour les premiers ravitaillements. Après quelques photos devant l’église nous quittons le parvis à 00h20.
Nous retrouvons Michel une petite heure plus tard à Argentière, et nous attaquons la première montée. Les dameuses travaillent sur le domaine des Grands Montets. Les 700 premiers mètres sur piste sont avalés en 42 minutes. Les jambes et les sensations sont bonnes. Lors de la première descente, les conditions sont difficiles. La neige est très dure et les longs dérapages me font vibrer dans tout le corps. Après 500 m de descente, j’ai finalement une chaussure qui casse. Les vibrations auront eu raison du carbone. Nous continuons doucement, la descente. Je prends mes nouvelles marques et nous accélérons peu à peu. Michel nous attends pour notre premier ravitaillement à La Fouly où nous arrivons à 04h53.
Dans la deuxième montée les sensations sont excellentes. Nous avançons vite, sans trop nous fatiguer. Nous discutons. Le levé du jour est un grand moment que nous prenons le temps de savourer. La deuxième descente est bien plus facile et il fait jour, même si là neige reste très dure. Nous rejoignons Bourg Saint-Pierre à 07h15 pour notre deuxième ravitaillement. Nous avons parcouru les 43 premiers kilomètres et 3805 m de dénivelé en 6h55. Nous sommes en avance sur nos prévisions mais nous n’avons pas encore fait la moitié.
Nous effectuons ensuite la longue montée vers le Plateau du Couloir sous le Combin de Valsorey. 2000 m de montée, pour la première fois de la journée au soleil. Le ravitaillement d’Alicia, au refuge de Valsorey nous fait du bien. Nous y sommes à 09h39. Nous éprouvons les premières difficultés physiques dans cette montée et notamment à l’approche du sommet. Derrière le col, une très courte descente et une remontée encore plus courte nous permettent d’atteindre le col du Sonadon.
La descente ensuite est un régal. Neige froide, poudreuse, nous tirons des grandes droites sur le Glacier du Mont Durand jusqu’à la Dranse de Bagnes. Le moral revient au top. Mais c’est là que commence notre chemin de croix. La montée au col de l’Évêque fait près de 12 kilomètres pour 1180 m de dénivelé. Cette montée est interminable. Heureusement c’est la dernière longue montée et la trace est très bonne, et heureusement, nous avons notre 4ème ravitaillement assuré par Julien, Mickaël et Christophe, du PGHM de Chamonix. Nous atteignons le col de l’Êveque vers 14h00.
Les deux dernières montées sont courtes, mais nous demandent de puiser loin dans nos réserves. Nous savons que nous allons battre le record si le matériel tient le coup. Nous nous efforçons de maintenir le rythme. Dans la montée au col de Valpelline, nous sommes « arrêtés ». Les 100 derniers mètres nous prennent un temps fou. Nous sommes au col de Valpelline à 16h15. Il ne reste plus qu’à descendre à Zermatt, et descendre c’est ce que nous savons faire de mieux. Le haut est en poudreuse, nous tirons à nouveau de grandes droites entre les crevasses. Au milieu, une section en traffole regelée est inskiable, puis nous rejoignons le plat sur le glacier du Zmutt. A bloc jusqu’en bas. Nous rejoignons les pistes de Zermatt, pleines de skieurs. Le contraste avec la journée passée sans croiser trop de monde est amusant. Nous courons ensuite dans les rues de Zermatt jusqu’à l’église que nous rallions à 16h55, après 16h35’14 » d’effort.
C’est une grande satisfaction d’avoir pu réaliser ce chrono. Il y a tant de paramètres qui entrent en ligne de compte sur un projet comme celui-ci qu’il est très difficile de le concrétiser. Nous avons eu beaucoup de chance d’avoir de si bonnes conditions ce jour là, et d’avoir pu les mettre à profit. Nous étions disponible, physiquement prêts, nous avions repérés le parcours, et nous avons trouvé de gentils amis un peu au dernier moment pour nous assister sur le parcours. Un grand merci à eux, et un grand merci à Olivier qui m’a accompagné sur cette journée inoubliable de ski en montagne.